Découvrez comment devenir producteur et monter une boite de prod
Sommaire
Je continue l’ouverture du blog à mes invités. Aujourd’hui, j’accueille l’article de Vincent Tartar. Vincent est réalisateur, il est ambitieux et travailleur, et il a décidé de monter sa société de production. Il cherche actuellement des financements, notamment grâce à la plateforme Ulule.
J’aime beaucoup ses idées et sa vision du cinéma, et ne pouvant le soutenir financièrement, je lui ai proposé d’écrire un article sur le métier de producteur. Et je dois dire que j’ai beaucoup appris en lisant son article qui est par ailleurs très bien écrit.
Découvrez le métier de producteur et soutenez Vincent :
Être producteur
Il en faut du monde pour qu’un acteur puisse exercer son art devant une caméra. Des techniciens l’entourent, certains le maquillent, d’autres le mesurent pour les costumes. Il y en a qui installent les lumières pendant que l’ingénieur du son se dispute avec le chef-opérateur. Bref, il faut toute une équipe pour filmer un acteur.
Mais avant cela, bien avant que l’acteur ne reçoive son rôle, avant que le premier assistant ne passe de longues journées sur les routes à chercher les décors, avant même parfois que le scénario ne soit complètement finalisé, une personne va choisir de tout faire pour que ce projet devienne un jour un film, cette personne c’est le producteur.
Mais qu’est-ce qu’un producteur au juste ? En quoi consiste ce métier souvent mal connu du public ? Doit-on forcément fumer le cigare pour produire un film, et d’ailleurs comment produit-on un film ? Voici quelques questions auxquelles nous allons tenter de répondre au fil de cet article.
Profession producteur
C’est un chercheur d’or, le job : dénicher des reliques. Entre 2 et 200 pages, celles-ci sont le plus souvent reliées et tapées en Arial 12pts. Car le producteur aime avant tout lire des histoires, il doit trouver le bon scénario, dégoter un pitch prometteur, attraper le synopsis efficace.
Drame, horreur, comédie, amour, science-fiction, tout dépend de sa « ligne éditoriale ». Cependant, l’histoire doit absolument le convaincre, le toucher parfois. Sinon comment pourrait-on s’imaginer qu’un scénario auquel on ne croit pas puisse plaire au public ? Impossible.
Ainsi le producteur cherche, il creuse, il essaye, il rencontre, il questionne, et parfois il accepte (enfin !) de produire un film.
On peut dire alors que le travail commence vraiment. Le producteur doit dans un premier temps « réserver » l’histoire, on appelle cela un contrat d’option. En simple, cela signifie que le producteur est intéressé par le scénario, mais qu’il n’est pas encore certain de pouvoir monter financièrement le film, il pose donc une option sur le scénario : en échange d’une certaine somme d’argent (acquise définitivement à l’auteur que le film se fasse ou non), l’auteur s’engage à ne pas vendre son histoire à quelqu’un d’autre pendant une durée déterminée, le plus souvent il s’agit d’une période comprise entre 12 et 18 mois, cette période peut parfois être reconduite, dans ce cas le producteur devra de nouveau mettre la main au portefeuille.
Commence alors la longue valse des dossiers, il faut trouver des financements : CNC, régions, banques de cinéma, chaînes de télévision, tout y passe. Parallèlement, le travail de préparation commence avec le réalisateur (et éventuellement avec le scénariste si il ne s’agit pas de la même personne), on part à la recherche des comédiens qui interpréteront les rôles principaux, si on obtient une « star », on a plus de chance de faire financer le projet, c’est la loi du marché, on dira d’ailleurs que l’acteur est « bankable ».
Une fois les garanties de financement obtenues, le producteur engage un directeur de production qui aura la charge de gérer les finances du film, c’est notamment à lui qu’on se référera en cas de dépenses imprévues ou de retard important. Le directeur de production (prononcez dir de prod) se chargera de faire remonter chaque jour au producteur les informations liées au tournage, il faudra alors aviser, prendre certaines décisions parfois douloureuses (par exemple demander à revoir l’histoire car les délais ne sont plus du tout respectés), et éventuellement partir en quête de financements complémentaires.
Monter une maison de production cinématographique
Producteur est donc un métier à part entière, notez d’ailleurs que ce simple article ne saurait décrire l’intégralité de fonctions que requière cette profession et qu’il existe d’excellents ouvrages détaillant avec précision les différentes « casquettes » du métier.
Néanmoins, il serait incomplet d’évoquer le producteur sans parler du concept de société de production, la fameuse boîte de prod comme on dit, celle grâce à qui un film peut voir le jour.
Une maison de production est avant tout une société, celle-ci peut varier de forme juridique (SARL, SAS, SA, etc.) et son code d’activité (dit code NAF ou code APE) répond au doux nom de 59,11c. Grâce à ce code (et aux statuts de votre entreprise), la société sera enregistrée en ayant pour objet « production de films pour le cinéma» (en cas de production télévisuelle, il faut changer le code APE).
Par ailleurs, en droit français, une entreprise doit comporter un capital financier dès sa création, c’est un peu la mise de départ de votre projet de maison de production. Cette somme de départ n’a pas besoin d’être inatteignable, ainsi il n’existe pas de société de production ayant pour capital initial 1 million d’euros, cela n’aurait d’ailleurs pas de sens. Le capital est là pour aider au fonctionnement de l’entreprise, cela va de l’achat des trombones à l’acquisition de matériel de tournage, en passant par le salaire des employés et les dosettes de la machine à café.
Ainsi, et particulièrement dans les société de production où l’on a des employés surtout lorsque l’on fait des films, il n’est pas absurde de lancer une entreprise avec cinq ou dix milles euros (notez d’ailleurs que le capital d’une entreprise peut être libéré sur une durée maximale de cinq années, concrètement cela signifie que vous avez cinq ans pour compléter le capital de l’entreprise, ce qui peut parfois être utile lorsque l’on débute avec peu d’argent), il n’y a donc pas besoin d’être riche pour monter une maison de production.
Pourtant, il peut arriver que l’on ai besoin d’un peu plus de fonds que ce qu’on l’on possède sois-même pour que notre maison de production soit viable, il est donc important que l’aspirant producteur sache que les entreprises en France sont basées sur le principes d’associés, et que chaque associé participe au capital de l’entreprise, devenant ainsi propriétaire d’un certain pourcentage de la société (les fameuses parts) en fonction de son apport (notez qu’il est également possible de faire des apports en nature, tel que du matériel ou des locaux).
Sachez enfin qu’il existe différents systèmes de financement collaboratifs, où il vous est possible de demander la participation du public, chacun est donc libre de soutenir votre projet de production en faisant un don, en échange de quoi il recevra une ou plusieurs contreparties, en remerciement de son soutien. Concrètement, vous pouvez par exemple établir que si une personne verse 30€ dans votre projet, elle sera remerciée en recevant le DVD du premier film produit par votre société.
Ce système présente plusieurs avantage, il vous permet tout d’abord de créer une communauté autour de votre projet, et d’autre part le fait d’être soutenu(e) par un certain nombre d’inconnus aura tendance à vous pousser de l’avant pour mener à bien votre entreprise, car en faisant appel au soutien de tierces personnes, vous vous engagez en quelque sorte à réussir ce projet, ce qui serait plutôt une bonne résolution de votre part.
Épilogue
Comme vous avez pu le constater, le métier de producteur est un métier aussi passionnant que méticuleux. Il ne suffit pas simplement de passer de vernissages en vernissages avec ses cartes de visites pour espérer trouver des financements. C’est un métier qui demande du travail, de la rigueur, du flair et une bonne dose de diplomatie.
Par ailleurs sachez qu’il peut y avoir un aspect ingrat à cette profession, votre téléphone n’arrêtera pas de sonner dès lors que vos films marcheront, mais on vous boudera si l’un de vos projets se révèle être un flop. Ayez les nerfs solides et prenez les choses avec humour, tout va bien, c’est le métier qui rentre.
Post-scriptum
Si cet article vous a plût, sachez que je monte actuellement une société de production cinématographique. Si vous souhaitez nous soutenir et participer à son financement, ou si vous désirez tout simplement relayer l’information, je vous en remercie d’avance !
Découvrez comment devenir producteur et monter une boite de prod
Sommaire
Je continue l’ouverture du blog à mes invités. Aujourd’hui, j’accueille l’article de Vincent Tartar. Vincent est réalisateur, il est ambitieux et travailleur, et il a décidé de monter sa société de production. Il cherche actuellement des financements, notamment grâce à la plateforme Ulule.
J’aime beaucoup ses idées et sa vision du cinéma, et ne pouvant le soutenir financièrement, je lui ai proposé d’écrire un article sur le métier de producteur. Et je dois dire que j’ai beaucoup appris en lisant son article qui est par ailleurs très bien écrit.
Découvrez le métier de producteur et soutenez Vincent :
Être producteur
Il en faut du monde pour qu’un acteur puisse exercer son art devant une caméra. Des techniciens l’entourent, certains le maquillent, d’autres le mesurent pour les costumes. Il y en a qui installent les lumières pendant que l’ingénieur du son se dispute avec le chef-opérateur. Bref, il faut toute une équipe pour filmer un acteur.
Mais avant cela, bien avant que l’acteur ne reçoive son rôle, avant que le premier assistant ne passe de longues journées sur les routes à chercher les décors, avant même parfois que le scénario ne soit complètement finalisé, une personne va choisir de tout faire pour que ce projet devienne un jour un film, cette personne c’est le producteur.
Mais qu’est-ce qu’un producteur au juste ? En quoi consiste ce métier souvent mal connu du public ? Doit-on forcément fumer le cigare pour produire un film, et d’ailleurs comment produit-on un film ? Voici quelques questions auxquelles nous allons tenter de répondre au fil de cet article.
Profession producteur
C’est un chercheur d’or, le job : dénicher des reliques. Entre 2 et 200 pages, celles-ci sont le plus souvent reliées et tapées en Arial 12pts. Car le producteur aime avant tout lire des histoires, il doit trouver le bon scénario, dégoter un pitch prometteur, attraper le synopsis efficace.
Drame, horreur, comédie, amour, science-fiction, tout dépend de sa « ligne éditoriale ». Cependant, l’histoire doit absolument le convaincre, le toucher parfois. Sinon comment pourrait-on s’imaginer qu’un scénario auquel on ne croit pas puisse plaire au public ? Impossible.
Ainsi le producteur cherche, il creuse, il essaye, il rencontre, il questionne, et parfois il accepte (enfin !) de produire un film.
On peut dire alors que le travail commence vraiment. Le producteur doit dans un premier temps « réserver » l’histoire, on appelle cela un contrat d’option. En simple, cela signifie que le producteur est intéressé par le scénario, mais qu’il n’est pas encore certain de pouvoir monter financièrement le film, il pose donc une option sur le scénario : en échange d’une certaine somme d’argent (acquise définitivement à l’auteur que le film se fasse ou non), l’auteur s’engage à ne pas vendre son histoire à quelqu’un d’autre pendant une durée déterminée, le plus souvent il s’agit d’une période comprise entre 12 et 18 mois, cette période peut parfois être reconduite, dans ce cas le producteur devra de nouveau mettre la main au portefeuille.
Commence alors la longue valse des dossiers, il faut trouver des financements : CNC, régions, banques de cinéma, chaînes de télévision, tout y passe. Parallèlement, le travail de préparation commence avec le réalisateur (et éventuellement avec le scénariste si il ne s’agit pas de la même personne), on part à la recherche des comédiens qui interpréteront les rôles principaux, si on obtient une « star », on a plus de chance de faire financer le projet, c’est la loi du marché, on dira d’ailleurs que l’acteur est « bankable ».
Une fois les garanties de financement obtenues, le producteur engage un directeur de production qui aura la charge de gérer les finances du film, c’est notamment à lui qu’on se référera en cas de dépenses imprévues ou de retard important. Le directeur de production (prononcez dir de prod) se chargera de faire remonter chaque jour au producteur les informations liées au tournage, il faudra alors aviser, prendre certaines décisions parfois douloureuses (par exemple demander à revoir l’histoire car les délais ne sont plus du tout respectés), et éventuellement partir en quête de financements complémentaires.
Monter une maison de production cinématographique
Producteur est donc un métier à part entière, notez d’ailleurs que ce simple article ne saurait décrire l’intégralité de fonctions que requière cette profession et qu’il existe d’excellents ouvrages détaillant avec précision les différentes « casquettes » du métier.
Néanmoins, il serait incomplet d’évoquer le producteur sans parler du concept de société de production, la fameuse boîte de prod comme on dit, celle grâce à qui un film peut voir le jour.
Une maison de production est avant tout une société, celle-ci peut varier de forme juridique (SARL, SAS, SA, etc.) et son code d’activité (dit code NAF ou code APE) répond au doux nom de 59,11c. Grâce à ce code (et aux statuts de votre entreprise), la société sera enregistrée en ayant pour objet « production de films pour le cinéma » (en cas de production télévisuelle, il faut changer le code APE).
Par ailleurs, en droit français, une entreprise doit comporter un capital financier dès sa création, c’est un peu la mise de départ de votre projet de maison de production. Cette somme de départ n’a pas besoin d’être inatteignable, ainsi il n’existe pas de société de production ayant pour capital initial 1 million d’euros, cela n’aurait d’ailleurs pas de sens. Le capital est là pour aider au fonctionnement de l’entreprise, cela va de l’achat des trombones à l’acquisition de matériel de tournage, en passant par le salaire des employés et les dosettes de la machine à café.
Ainsi, et particulièrement dans les société de production où l’on a des employés surtout lorsque l’on fait des films, il n’est pas absurde de lancer une entreprise avec cinq ou dix milles euros (notez d’ailleurs que le capital d’une entreprise peut être libéré sur une durée maximale de cinq années, concrètement cela signifie que vous avez cinq ans pour compléter le capital de l’entreprise, ce qui peut parfois être utile lorsque l’on débute avec peu d’argent), il n’y a donc pas besoin d’être riche pour monter une maison de production.
Pourtant, il peut arriver que l’on ai besoin d’un peu plus de fonds que ce qu’on l’on possède sois-même pour que notre maison de production soit viable, il est donc important que l’aspirant producteur sache que les entreprises en France sont basées sur le principes d’associés, et que chaque associé participe au capital de l’entreprise, devenant ainsi propriétaire d’un certain pourcentage de la société (les fameuses parts) en fonction de son apport (notez qu’il est également possible de faire des apports en nature, tel que du matériel ou des locaux).
Sachez enfin qu’il existe différents systèmes de financement collaboratifs, où il vous est possible de demander la participation du public, chacun est donc libre de soutenir votre projet de production en faisant un don, en échange de quoi il recevra une ou plusieurs contreparties, en remerciement de son soutien. Concrètement, vous pouvez par exemple établir que si une personne verse 30€ dans votre projet, elle sera remerciée en recevant le DVD du premier film produit par votre société.
Ce système présente plusieurs avantage, il vous permet tout d’abord de créer une communauté autour de votre projet, et d’autre part le fait d’être soutenu(e) par un certain nombre d’inconnus aura tendance à vous pousser de l’avant pour mener à bien votre entreprise, car en faisant appel au soutien de tierces personnes, vous vous engagez en quelque sorte à réussir ce projet, ce qui serait plutôt une bonne résolution de votre part.
Épilogue
Comme vous avez pu le constater, le métier de producteur est un métier aussi passionnant que méticuleux. Il ne suffit pas simplement de passer de vernissages en vernissages avec ses cartes de visites pour espérer trouver des financements. C’est un métier qui demande du travail, de la rigueur, du flair et une bonne dose de diplomatie.
Par ailleurs sachez qu’il peut y avoir un aspect ingrat à cette profession, votre téléphone n’arrêtera pas de sonner dès lors que vos films marcheront, mais on vous boudera si l’un de vos projets se révèle être un flop. Ayez les nerfs solides et prenez les choses avec humour, tout va bien, c’est le métier qui rentre.
Post-scriptum
Si cet article vous a plût, sachez que je monte actuellement une société de production cinématographique. Si vous souhaitez nous soutenir et participer à son financement, ou si vous désirez tout simplement relayer l’information, je vous en remercie d’avance !
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Vincent Tartar