L’acteur est un Samouraï au service de son art

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HagakureDans mon dernier article : Gagnez des batailles au quotidien, je parlais d’une citation de Lao Tseu sur la pluie.

Et bien en fait, je l’ai retrouvée, ce n’était pas de Lao Tseu, mais de Jocho Yamamoto. C’est un extrait du Hagakuré, le livre secret des SamouraÏs (si vous avez vu le film Ghost Dog avec Forest Witthaker vous savez de quoi il s’agit ) :

 

Il existe ce qu’on appelle « l’attitude pendant l’orage ». Quand on est pris sous une averse soudaine, on peut, soit courir le plus vite possible, soit s’élancer pour s’abriter sous les avancées des toits des maisons qui bordent le chemin. De toutes façons, on sera mouillé.

Si on se préparait auparavant mentalement, à l’idée d’être trempé, on serait en fin de compte fort peu contrarié à l’arrivée de la pluie.

On peut appliquer ce principe avec profit dans toutes les situations.

 

Le Hagakuré est un livre contenant des principes philosophiques à destination des Samouraï qui veulent se parfaire dans la Voie. J’aime lire le Hagakuré car les principes qu’il contient peuvent très bien s’appliquer à l’art de l’acteur. Le lire me renforce dans ma détermination et j’y trouve souvent de bons conseils.

 

A l’époque féodale japonaise, le samouraï était entièrement dévoué à son maître, le Daimyo. Il était prêt à mourir pour lui et toute sa vie était consacrée à la recherche de la perfection dans cette dévotion envers son maître.

En considérant que le Daimyo est l’art dramatique, le Cinéma ou le message que vous avez à transmettre, le Hagakuré prend tout son sens. L’acteur est un Samouraï au service de son art.

Voici un autre extrait du Hagakuré qui est très révélateur de l’engagement que l’on doit avoir en tant qu’acteur :

On m’a dit qu’un maître de Sabre déjà avancé en âge avait dit ceci :

« Le Samouraï doit s’entraîner toute sa vie » et il y a, à cela, une raison. Tout au début, même en cas de pratique régulière, on n’a pas l’impression de progresser. On se sait malhabile et on voit les autres à son image.

A ce stade, inutile de préciser que l’on n’est d’aucune utilité au service du Daimyo.

Quand on atteint un stade moyen, on n’est pas encore d’une grande utilité mais on prend conscience de ses déficiences et on commence à remarquer les imperfections des autres.

Quand un Samouraï atteint un niveau supérieur, il est capable de prendre, de sa propre initiative, des décisions en n’importe quelle situation, de sorte qu’il n’a plus besoin des conseils des autres. Il acquiert plus de confiance en ses possibilités, se réjouit d’être loué et déplore les insuffisances des autres. Un tel Samouraï est, on peut le dire, utile au Daimyo.

Puis au delà de ce niveau, i y a ceux dont l’expression du visage ne révèle jamais ce qu’ils pensent, qui ne font jamais étalage de leur habileté, qui feignent l’ignorance et l’incompétence. Qui plus est, ils respectent l’habileté des autres. Pour beaucoup, là est l’ambition la plus haute.

Mais à un niveau encore plus élevé, il existe un domaine qui dépasse l’habileté du commun des mortels. Celui qui s’engage à fond dans la Voie de ce domaine, prend conscience que son entraînement sera illimité et qu’il ne pourra jamais être satisfait de son travail.

C’est pourquoi un Samouraï doit connaître ses faiblesses et passer sa vie à les corriger sans jamais avoir le sentiment d’en faire suffisamment. Il doit naturellement jamais être trop confiant mais il ne doit pas non plus se sentir inférieur.

Yagyu, le maître de la Voie du Sabre, auprès du Shogun Tokugawa disait :  » je ne sais pas comment surpasser les autres. Tout ce que je sais, c’est comment me surpasser ».

Il se disait : « Je suis aujourd’hui meilleur qu’hier, demain je serai encore supérieur ».

Un vrai Samouraï consacre tout son temps au perfectionnement de lui-même. C’est pourquoi, l’entraînement est un processus sans fin.

Une fois acceptée l’idée que notre entrainement d’acteur est un processus sans fin, on peut apprécier le chemin, et chaque pas que l’on fait nous apporte la joie de la réussite. Le but cesse d’être lointain et devient quotidien, on apprend la patience, la constance et la persévérance.

En continuant à prendre des cours cette année, je me suis résolu à continuer d’en prendre encore pendant toute ma vie. Je me suis rendu compte qu’en réalité, ce qui compte le plus ce n’est pas de réussir, d’être connu, d’être une « star », mais d’être moi-même. Et être soi-même en toutes circonstances est un but bien plus élevé…